La bouche des canons se tord en hurlements
Que le marin avec un sombre effroi attend;
L’aube renait rouge, le soleil ricane –
La mer engloutira des chairs et des âmes.

Tendu vers le ciel, la main du capitaine attend
Que l’opposant soit à portée de flancs
Pour déchaîner enfer et damnation
Sur les hommes de ces autres horizons.

Le cri du commandement, râles et hurlements,
Les mâts se brisent, la coque se déchire
Et sur leurs vergues les marins véhéments
Crient et s’indignent de devoir mourir.

L’éclair de la poudre et le noir du plomb
Percent les chairs, les voiles, les mâts,
Comme s’ils étaient d’immenses troncs
Issus de quelques forêts de toiles et de bras,

Et le navire au loin s’efface dans l’ombre,
sa vague disparaît, le temps le tourmente
d’avoir en cale une blessure flagrante,
Et autour du mat tournent nos âmes sombres.