« Les auteurs modernes s’accordent à reconnaître que toutes les religions du monde sont nées de la peur ». Premier chapitre du « Manuel pour l’Humanité » de Buddhadasa Bhikkhu, décédé depuis mais très fameux pour la clarté de ses textes.
Un jour, une heure, une histoire.
Minuit. Réponse apeurée provenant des animistes de l’âge de fer : offrandes aux esprits de la nature. Le temps passe, il est trois heures : ridicule ! Crient d’un écho si semblable les grecs et les indiens, avec leur meilleure compréhension de la logique du monde.
Quatre heures. La peur de la foudre devient peur de la souffrance. Réponse astucieuse de l’hindouisme, puis du bouddhisme et du jaïnisme, plagiés par Schopenhauer des siècles plus tard, qui la pousse à bout : « Puisque je désire, j’éprouve un besoin ; puisqu’il y a besoin, il y a souffrance par manque. Et comment échapper à la souffrance ? En refoulant nos désirs ! ».
Six heures. L’aube se montre. Les grecs, résignés : « Ne nous attachons pas à ce que nous ne pouvons contrôler, adorons le fatum, le destin, et acceptons-le comme tel ! ». Principe des stoïciens, de la première idée du troisième siècle avant Jésus Christ à Marc Aurèle.
Huit heures. Des nuages blancs couvrent le soleil, pleins d’une pluie de compassion, d’amour de l’homme, résonnant de l’annonce du Royaume des Cieux. Jésus sur la croix.
Dix heures. Nuages noirs. L’église se fait tyran absolu, l’inquisition le glaive foudroyant de Dieu. Le rire est interdit ; il fait ressembler l’homme au singe. Médecine égale sorcellerie. Sorcellerie égale noyades, bûchés, haines. Les soupapes infernales des frustrations : les hautes têtes pensantes et fanatiques ne donnent pas le savoir, mais des boucs-émissaires satanistes pour endiguer le peuple de ses malheurs.
Onze heures. Nietzsche qui casse l’histoire du monde : les religions de tout temps dominées par la morale des esclaves. Explications. Les esclaves du monde et du désir : « fuyons tout ce que nous ne pouvons pas maîtriser ! » Un stoïcisme dénaturé – Ajahn Chah : rien ne peut être contrôlé car rien ne nous appartient ! Je ne peux faire fuir un énervement soudain ? C’est parce qu’il n’est pas à moi ! On fait passer le camions-poubelle : dehors le désir, dehors le vent, vive les mers d’huile ! Vivons les yeux fermés, en quête de l’illumination !
Zénith… ? Par-delà désirs et souffrance, la Création, le Chaos – la Déchirure… ?
Comments by Mathieu Maender